Mosaïques de Julien Lestel

> La Terrasse

La Compagnie Julien Lestel regroupe douze danseurs issus d’horizons différents où chacun peut révéler sa singularité tout en restant fidèle au style néoclassique-moderne. Sa dernière création, Mosaïques, est un ballet sur la richesse de la diversité.

La compagnie Julien Lestel déploie de pièces en pièces une gestuelle originale qui déborde la frontière habituelle attribuée aux différents styles de danse. Ni classique, ni contemporaine, ni hip-hop, ni néo-classique mais tout cela à la fois. En ce sens, elle s’inscrit sur les brisées des plus grands, qu’ils se nomment Jiří Kylián ou Wayne McGregor. Il faut dire que Julien Lestel, après une belle carrière dans les plus grands ballets européens, fait partie de la nouvelle génération de chorégraphes français reconnus. Mosaïques, sa dernière création, est une pièce sur la diversité et exprime le souhait d’un monde qui ne « tende pas vers l’uniformisation des individus mais qui, bien au contraire, reconnaisse la richesse de sa multiplicité. » précise le chorégraphe. Le ballet s’ouvre sur une multitude de courses esquissées, de marches, de lignes où la musculature sculpturale des danseurs est mise en valeur. Tout ce qui agite les passions les plus hautes et les plus sensuelles est réuni dans une chorégraphie toute en énergie, en sensations, en virtuosité expressive. Tout se dit dans une magique simultanéité que seule la danse, détachée des contingences d’un récit linéaire, peut traduire.

Maîtrise et animalité

Pour étayer le propos de Mosaïques, la gestuelle, très singulière, emprunte à toutes sortes de cultures leurs déhanchements, isolations, ondulations, avec des accents orientalisants. Les corps des danseurs, extrêmement travaillés, inventent des rituels, mais peuvent aussi se jeter dans une sorte de krump, ou de figures issues du hip-hop, au cours de solos époustouflants qui juxtaposent flexibilités extrêmes et qualités arrêtées. Des duos très sensuels, voire langoureux, comme celui qui réunit Alexandra Cardinale et Gilles Portes, ponctuent les mouvements pleins de fièvre. Des quintettes masculins bondissants, rapides, succèdent à des parties plus fluides, plus déliées et apaisées où le travail des bras se fait palpitant. Produit par Alexandra Cardinale, cette nouvelle création devrait s’avérer d’une modernité et d’une puissance incomparables. Mosaïques met en valeur la singularité de chacun des danseurs dans une gestuelle athlétique et charnelle. Les lumières somptueuses de Lo-Ammy Vaïmatapako, déjà remarquées dans leur pièce précédente, Dream, ajoutent à la beauté de ce spectacle à la scénographie dépouillée.

Agnès Izrine